Tout ce qui va
suivre est un petit extrait de l'excellente interviou de les
Marcel par le magazine Presto.
C'est un bref résumé de l'histoire des Marcel depuis sa
création par Franck.
[LA FRANCE] - [LE NOM] - [LE DEGUISEMENT] - [LE MILITANTISME]
[PHOTOS]
L'HISTOIRE
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[FRANCK] Le groupe est né à Boulogne-sur-mer, à la fin des années 80. Laurent, Fabrice,
Luc et moi
fréquentions le même lycée. L'amour de la glandouille,
l'humour blague carambar, les points noirs et la trouille qu'un
des quatre puisse emballer l'une des innombrables filles qui nous
envoyaient promener nous a réunis. On a vite fondé ce qui
allait devenir "le collectif
de divergence". Rapidement notre occupation principale
sera d'emmerder le monde. Les premiers sons émis n'étaient
destinés qu'à contrarier la digestion des demi-pensionnaires du
lycée. On ne peut pas dire que nous nous soyions réunis sur des
affinités musicales, on idôlatrait le Muppet Show, on connaissait par coeur des
scènes entières du film "Les cadavres ne portent pas de
costards", on fréquentait déjà les fêtes à la
con comme l'inauguration d'un Monsieur Meuble que C.Jérôme
venait inaugurer. Notre QG était le Manhattan. Un troquet qui te
faisait autant penser à l'Amérique que Maité à l'érotisme.
C'était pas à proprement parler un rade de lycéen mais on s'y
sentait bien. On faisait marrer le taulier et c'est nous qui
garnissions le juke-box. La play list était à tomber: Carte de Séjour, Alan Vega, les
Stary Cats, Au Bonheur des Dames... (...) la clientèle, vieux beaux (...),
prolos (...), VRP douteux et vieux réacs. Une source
d'inspiration idéale pour nos futures
chansons.
Le premier concert (...) on était membre du collectif Stop Racisme de Boulogne. On s'est un peu
imposé à un concert de soutien. On était programmé, fallait
encore apprendre à jouer, et composer un répertoire. On avait 2
jours. Je me rappelle encore de la date, le 16 mai 1986 (...) succés très relatif. On a attendu un
an et demi pour se reproduire à nouveau.La même année y a eu le projet de réforme Devaquet, et
le code de la nationalité (...) au milieu des revendications sont
apparus nos premiers combats perso (...) on a fait des pancartes "On veut une
belle arrière saison", "Suppression des moquettes
murales", "Vive les bains de pieds", "Les
gourmettes c'est chouette"... Un an plus tard on réapparaît avec Vincent qui occupera le poste de batteur, Laurent passe à la basse, Luc part étudier, Fabrice gratouille et chante (...) j'essaie de
taper sur des bambous et c'est pas numéro un. On intègre
également Sylvine, la Joan Baez du Nord, et Toto un guitariste (...). Il faut également
citer Nanou (...) choriste dans le groupe. Et depuis lors:
gala, gala, gala...
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On est vite passé de la punk attitude à la beauf attitude. L'idée était de
garder une énergie bien punk mais de réussir à faire danser
les mémés. On s'est également imbibé d'affligeing, un culte
déplacé pour la sous culture et ses productions bien naze been
(...).
Notre
univers est marqué par l'absurde, le non-sens. Nous adorons les Monty Pythons,
les Marx Brothers, Coluche, Django Edwards, Reiser et la bande
dessinée et tout l'esprit libre penseur à la Charlie Hebdo ou
Fluide Glacial.(...)
La
réputation du groupe s'est faite sur scène, et c'est le public
qui a fait l'histoire. Nous avons mis longtemps avant d'oser,
mais surtout de pouvoir faire des disques. Nous n'avons été
distribués qu'à partir d'octobre 1997. La scène a été et reste notre
domaine de prédilection (...) On savait vraiment pas jouer au
début.
On devait connaître trois accords, et encore pas les bons, et
surtout on voyait pas où fallait les mettre. Les concerts
étaient complètement improvisés, entre chaque morceau il
pouvait y avoir 25 minutes de chahut ou de sketches, voire de
revendications carrément baltringues. Y avait déjà le
triptyque fédérateur "Danse, Déconne, Dénonce", mais fallait
être bien imbibé pour trouver ça marrant. Pourtant les gens
écoutaient et en redemandaient (...)
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[VINCENT] D'abord il y a eu une cassette tirée à 300 exemplaires, très joliment
intitulée Bel Air, destinée aux
programmateurs de la région, on la vendait à la fin des
concerts, les programmateurs nous la renvoyaient. Il y a ensuite
eu le célèbre 5 titres bleu (...) Eponyme, sur lequel JB remplace Toto, parti vivre la grande vie Parisienne, et
où Damien remplace Luc au chant. Luc décide d'adopter
et de faire des enfants. Marcel ne nourrit personne, et les
bouchanourrir, ça mange. Il décide donc d'être infirmier à
temps plein.
[TIBAL] Le 1er album est
une demande du public.
Les
personnes qui assistaient à nos concerts souhaitaient garder un
souvenir de ce qu'ils avaient dû supporter.(...) On avait pas
les moyens de rentrer en studio alors on a lancé une
souscription. (...)
[FRANCK] On a donc enregistré l'album en 9 jours, 5 jours pour les prises et 4 pour mixer. Sale Bâtard sonne très live
mais vu les conditions, on pouvait pas faire autrement. Je crois
surtout qu'on ne savait pas qu'on pouvait faire autrement. (...)
C'est à cette époque (1994) qu'Edouardo succède à Damien. Laurent qui voulait vivre plus peinard, confiera la
basse à Bouli fin 1995. Ce disque est un concentré du répertoire
de l'époque. Il s'agit de titres que nous jouions depuis des
années sur scène.
[TIBAL]
Les souscripteurs ont reçu leur disque dans une boîte à
camembert, avec la totale: le petit morceau de tissu à carreaux
rouge et blanc, des autocollants, des confettis, des bons de
réduction pour Rockmitaine (...) c'est aujourd'hui un collector
au même titre que "Mademoiselle chante le Blues" de
Mylène Farmer.
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L'ARRIVEE DE TIBAL Pour moi l'aventure a commencé en 89. J'étais au lycée Mariette à
Boulogne. Les Marcel y avaient déjà sévi. Mon frère sonnait
la charge à la trompette dans les manifs, il était copain avec
eux. Je sais pas comment, mais ils avaient réussi à être
retenus pour les sélections régionales du Printemps de Bourges,
et souahitaient intégrer une section cuivre. Mon frère n'était
pas disponible et il m'a envoyé à sa place (...) Je n'avais
joué auparavant qu'à l'harmonie municipale de St Martin les
Boulogne et dans un groupe de musique bavaroise, les célèbres
noeuds paps, je ne voyais pas bien où ils voulaient en
venir (...)
>L'ARRIVEE
DE BOULI pour moi, l'aventure Marcel a
débuté en septembre 1997 (...) suite à une petite annonce
collée dans les magasins d'instruments de musique de Lille, et
qui "stipulait" que genre les Marcel allaient bientôt
se retrouver sans bassiste et qu'il leur en faudrait un nouveau
pour genre rapidement... (...) c'est un groupe eud'min coin, et
que je connaissais 'achement bien le saxophoniste, Tibal, rapport au fait
qu'on essuyait nos fonds de culotte sur les mêmes bancs du conservatoire de
Boulogne, lui en sax, moi en guitare classique (...)
Du coup c'est Tibal qui carrément me l'a proposé pendant un
cours de solfège...(...) depuis, je leur ai appris l'hygiène
intime.
J'ai
connu les Marcel à Boulogne où je jouais de la pop dans mon
groupe les Love Town (...) Laurent voulait passer plus de temps chez
lui en pyjama, je suis donc passé de la harpe à la basse. Lors
de l'audition, j'ai tout de suite senti que j'avais tapé dans
l'oeil à JB (...), j'ai donc décidé de devenir une
femme fatale. Si les disques continuent à bien se vendre, je
vais enfin pouvoir envisager une opération...
>L'ARRIVEE
DE JAMES (...) Ma famille vient de Montreuil-sur-mer et eux sont originaires de
Boulogne, on est donc du même coin. Il y a une crêperie à
Montreuil, c'est là que j'ai vu jouer les Marcel pour la
première fois. D'ailleurs, à part Mouloud et Vincent, il ne reste plus personne de cette
période là. De temps en temps je venais jouer avec des groupes
anglais en France, c'est là que j'ai connu Claude et que j'ai fait appel à lui en
tant que bassiste. Je continue la navette netre la France et
l'Angleterre jusqu'au jour où Claude me contacte pour passer une
audition dans les Marcel (...) J'intègre le groupe après le
départ d'Agaboumboum.
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Le temps passe, Marcel sort Crâne pas t'es chauve en
1998 et Si T'en Reveux Y En Re N'a en 2001: pour cet album Clodio remplace Jeanjean au chant. Pour Si t'en Reveux Y En Re n'a
c'est James qui vient remplacer Agaboumboum à la batterie. (...) Jeanjean a remplacé Edouardo en 1997. Notre Sarde désirait aller rejoindre son
amoureuse à Roanne. On avait connu Jeanjean sur la route, en
Vendée. C'était le guitarise des Specimen. Il vivait sur
Nantes, les deux années qu'il a passées avec nous, il était
tout le temps sur la route. Il voulait vivre avec sa femme une
vie un peu plus calme.
Le
gros traumatisme [après le 3ème album] c'est le départ de
Clodio. Tout ce que l'on peut espérer, c'est que ce n'est pas
définitif.. Ce troisième album nous a permis de vivre la
tournée la plus importante de notre histoire.
[BOULI]
On a quand même eu le temps de s'accorder de petites pauses,
histoire d'oublier James sur une aire de repos (...)
LA FRANCE
[TOF] On a commencé à sortir de la région dés 1994.(...) Marcel a
commencé à tourner nationalement à partir de 1996. En 1997, nous avons sorti un 4 titres aujourd'hui
épuisé, et été invités aux Eurockéennes de Belfort.
[FRANCK]
En plus de 10 ans de route, avec une moyenne de 110 dates par an, on en a des
malles pleines.
[TOF] Entre
1999 et aujourd'hui, on a été à l'affiche de tous les plus
gros festivals français, les Francos, les Eurocks, les Vieilles
Charrues, on a dû faire la plupart des salles
Françaises. Et on connaît les spécialités en soupe au rhum de
tous les bars.
[BOULI]
Pendant mon premier concert, après une trentaine de secondes, la
trompette de Tof a été embarquée par le pied d'un fan qui
slamait; on l'a retrouvée au fond de la salle... depuis il joue
du trombone!
LE NOM
[On s'est appelé "Marcel et son Orchestre"], un nom affligeant, pour voir jusqu'où on pouvait
pousser le handicap dans un monde du show biz qui repose
essentiellement sur les apparences. Les apparences sont
trompeuses, l'alibi ne fait pas l'âne (...). Il est clair que
Marcel ne fait pas branché, tant mieux.(...) L'humour n'a pas souvent bonne
presse,
il est souvent accompagné de qualificatifs vaseux: "Ce film
n'a pas d'autres prétentions que de faire rire..." Gotlib
avait justement répondu: "elle est énorme la prétention
de faire rire".
[TOF]
Il y a aussi dans notre nom un clin d'oeil au bonheur des dames
"Je suis sorti avec Marcel" dans leur chanson "Oh
les filles". Eux aussi ont cultivé le décalage (...). Vincent les a rejoint avant moi. C'est à
la fac que j'ai rencontré Laurent et Vincent, mais surtout la soeur de Vincent. J'ai
fait mes premières armes à l'Harmonie municipale de Marly en classe trompette. Après
quelques bringues (...) ils m'ont invité à une répétition
dans leur local high tech de l'époque, (...) un bunker (...).
C'est là que j'ai épaissi la section cuivre, composée alors de Tibal.(...)
LE DEGUISEMENT
[TOF] [Le déguisement] c'est l'esprit du carnaval qui ressort. Les
déguisements nous permettent de changer de peau, ils nous
désinhibent. On oublie qui on est et on hésite moins à se
lâcher.
[FRANCK]
Le carnaval c'est très punk, très libertaire. On y met à mal
tous les codes de bonne conduite. (...) Marcel, c'est une
sorte de carnaval rock n'roll, un Rocky Horror Picture Show
[VINCENT]
C'est très égalitaire, bien dans l'esprit Marcel, tout dans la
déconne, très branliste.
LE MILITANTISME
[TIBAL] Le plus militant du groupe, c'est Franck. Il exprime ses idées, on fait les
abrutis, c'est notre façon de relativiser. En général, on est
souvent d'accord sur le fond, il faut après mettre la forme, et
c'est là que ça se gâte, car on n'est pas très sportif, ou
fair-play. Y a parfois de belles prises de bec mais on finit
toujours par dormir les uns avec les autres, on est très
Starmania. (...)
[FRANCK]
Nous avons traité l'homophobie dans "La boum à Cindy", le culte de
l'apparence dans "Bodybuilding", les dérives
sexuelles de certains curés dans "La Fée Dépovga"...
QUELQUES PHOTOS
J'ai enquêté! Et je devrais bientôt en mettre quelques
autres... en attendant, voici des photos:
- du lycée Mariette et du café Clocheville (anciennement le
Manhattan) de Boulogne-sur-mer, là où le groupe est né:
Au lycée, certains des
adultes à qui j'ai parlé se souviennent encore et évoquent en
souriant cette bande de joyeux lurons, surtout Bouli, qui
pourtant n'était pas du groupe à l'origine!
Au
Clocheville, même si la taulière et le nom ont
changé depuis quelques années, le patron se souvient bien
d'eux, pour preuve, l'un des anciens chanteurs fréquente encore
régulièrement ce bar, qui reste très sympa!
D'autres
infos et photos "nostalgie" m'ont même été promises,
ainsi peut-être qu'une surprise... on verra!!!